Résumé
Cet article propose un parcours dans l’histoire des méthodologies en didactique scolaire des langues-cultures, qui montre que l’authenticité n'a pas toujours été opposée à l'artificialité, mais qu’au contraire pendant longtemps ces deux notions ont été considérées comme à la fois opposées et complémentaires. L'authenticité valorisée par rapport à l'artificialité critiquée a été ensuite attribuée successivement à des objets différents : aux seuls documents littéraires aux dépens des documents non littéraires ; aux documents sociaux aux dépens des documents fabriqués pour les besoins de l'enseignement-apprentissage ; enfin aux situations de communication réelles ou simulées en société aux dépens des situations d'apprentissage en classe. Avec la dernière évolution méthodologique – la perspective actionnelle et sa pédagogie de référence, la pédagogie de projet –, l'opposition perd en grande partie de sa pertinence en ce qui concerne les documents et les situations. Les exercices de langue, quant à eux, ont toujours été et restent encore « artificiels », mais cette artificialité doit être revendiquée et valorisée : le cœur du métier de l'enseignant relève en effet de l'ingénierie pédagogique, c'est-à-dire précisément de la conception de dispositifs artificiels d'enseignement-apprentissage. Contre l'opinion de certains didacticiens, et en accord avec le constat empirique de beaucoup d'enseignants, cet article, comme l'annonce son titre, fait l’éloge de l'artificiel en didactique scolaire des langues-cultures.