Innovation didactique et innovation technologique en didactique des langues-cultures : approche historique
- 2022c. « Innovation didactique et innovation technologique en didactique des langues-cultures : approche historique », Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité, Cahiers de l'APLIUT, Vol. 41 N°1 | 2022, disponible sur le site de la revue (1er juin 2022).
Présentation
L'histoire de la didactique des langues-cultures depuis la fin du XIXe siècle fait apparaître trois grands modèles de relation entre l'innovation didactique et l'innovation technologique : (1) le modèle du déterminisme didactique, qui privilégie les facteurs didactiques : ce seraient les évolutions didactiques qui amèneraient les enseignants à recourir à telle ou telle technologie nouvelle ; (2) le modèle du déterminisme technologique, qui privilégie les facteurs technologiques : ce seraient les technologies nouvelles qui inciteraient voire obligeraient les enseignants à innover dans leur enseignement ; (3) le modèle des convergences-divergences : les innovations didactiques et les innovations technologiques ne provoqueraient de changement durable – c'est-à-dire qu'elles ne se diffuseraient largement et ne se pérenniseraient – que si elles se rencontrent, et en l'absence de facteurs divergents plus puissants d'autres types (psychologiques, gestionnaires, techniques,...). L'actualité, quant à elle, montre une série de fortes convergences entre les deux innovations didactiques simultanément en cours – la perspective actionnelle et l'approche plurilingue, elles-mêmes convergentes entre elles – et l'innovation technologique en cours, à savoir le numérique.
À propos du déterminisme social
J'aurais pu rappeler dans cet article, à propos du déterminisme social, ce que j'écrivais et que je citais page 118 dans mon Essai sur l'éclectisme de 1994 (1994e) concernant a nécessité, en DLC, de prendre en compte le poids énorme et décisif des environnements d'enseignement-apprentissage :
Là encore, l’épistémologie des sciences et des techniques nous a déjà ouvert la voie. I. Stengers et J. Schlangers, par exemple, montrent dans un ouvrage de 1989 (Les concepts scientifiques. Invention et pouvoir) comment une innovation technologique ne consiste jamais en l’“application” automatique d’une théorie scientifique, mais en une création de significations :
Ces significations renvoient aussi bien à des contraintes économiques (coûts, brevets, situation du marché, investissements, stratégies de développement de la firme, etc.) que sociales (qualifications, rapports sociaux impliqués par la construction ou l’utilisation de l’innovation), politiques (accessibilité des matières premières, état de la législation à propos de la pollution éventuelle, monopoles d’État) ou culturelles (rapports au public). Un innovation technique n’existe que si elle rencontre de manière cohérente ces différentes contraintes disparates, si elle réussit à prendre sens à la fois sur le plan scientifique, économique, culturel, etc. (cité par P. Lévy, 1990, p. 213).
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Référence des deux ouvrages cités:
STENGERS Isabelle, SCHLANGER Judith. 1989. Les concepts scientifiques. Invention et pouvoir. Paris: La Découverte, Strasbourg : Conseil de l’Europe/UNESCO, 167 p.
LÉVY Pierre. 1990. Les technologies de l’intelligence. L’avenir de la pensée à l’ère informatique. Paris: La Découverte, 234 p.
Une visioconférence sur le même thème
"Environnements numérique et innovation didactique : quelles relations ?", visioconférerence sur diaporama au CUEFF-université de Perpignan, le 22 juillet 2022, en tant que conférence de clôture de la formation "L'intégration du numérique dans les cours de langue" (1h24). Permalien. Visionnement direct ci-dessous.