Résumé
Cet article est une synthèse, rédigée sur demande, présentant les caractéristiques principales de la perspective actionnelle et de la "pédagogie de l'intégration". Depuis une quinzaine d'années, dans plusieurs pays d'Afrique où l'enseignement du français jouit, de jure ou de facto, d'un statut spécial en raison de ses liens historiques avec la France, cette "pédagogie de l'intégration", qui est une version de l'"approche par compétences", a servi de modèle unique pour une réforme radicale de la pédagogie dans toutes les disciplines scolaires. Elle n'a pas donné les résultats escomptés, dans l'enseignement des langues comme ailleurs, et cet échec est le plus souvent expliqué - au demeurant à juste titre - par des facteurs extra-didactiques tels que les conditions de travail, le manque de formation et même d'information des enseignants, les rigidités institutionnelles,... La présente synthèse se concentre sur les facteurs spécifiquement didactiques de cet échec, parmi lesquels émerge, en ce qui concerne l'enseignement-apprentissage des langues, les effets pervers, sur l'intégration didactique, de l'intégration pédagogique telle qu'elle a été conçue dans les programmes et mise en œuvre dans les manuels.
La thèse défendue ici est que la perspective actionnelle est par nature à même de reprendre, au moins dans l'enseignement-apprentissage des langues, les finalités et les principes de la pédagogie de l'intégration, mais en respectant les contraintes spécifiques à cette discipline. Et la principale mesure concrète proposée consiste à remplacer le grand projet interdisciplinaire prévu dans la pédagogie de l'intégration comme situation d'intégration tous les deux voire trois mois, par des mini-projets en langue-culture effectivement réalisables à la fin de chaque unité didactique des manuels. Mis en ligne le 26 novembre 2016.