Un enseignant de FLE à l'étranger a posté le 26 novembre dernier sur ce site, dans le forum destiné au Français Langue d'Intégration le message suivant, où il m'interpellait, comme on le verra, de manière vigoureuse. Avec son accord, j'ai déplacé son message (anonymisé) ici sur mon Blog, où il est plus à sa place et où il trouvera sans doute plus de lecteurs.
Pour avoir travaillé longtemps à l'étranger, et pour m'y rendre encore très souvent, je sais que la situation qu'il décrit n'a rien d'exceptionnel, que, comme il l'écrit, "bon nombre
d'enseignants diplômés et expérimentés FLE dans le réseau culturel du MAE" pourraient malheureusement contresigner ce texte. Même si j'ai rencontré aussi des profs de FLE heureux, je pense comme
lui que la situation qu'il décrit est assez fréquente pour que les étudiants de FLE en France qui veulent se lancer dans une carrière à l'étranger en soient informés, de manière à s'y lancer en
toute connaissance de cause.
Je remercie William CHARTON, qui s'occupe de la dimension FLE ainsi que plus largement des non titulaires au sein de l'intersyndicale de l'enseignement supérieur, de m'avoir fourni les adresses
suivantes de sections syndicales, qui peuvent se révéler utiles aussi bien pour ces étudiants que pour les enseignants déjà à l'étranger:
- Pour le MAE : - SUPMAE-FSU http://mae.fsu.fr/ - CGT MAE http://www.cgt-mae.org/
- Pour les expatriés : http://etranger.sgen-cfdt.org
- Pour la formation professionnelle : - sudfle@gmail.com http://sudfpa.lautre.net - SNPF CGT Formation : http://www.formation-privee-cgt.org/
- Pour les enseignants FLE de l'enseignement supérieur français et des écoles françaises à l'étranger : SNESUP FSU ANT, 78, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 PARIS courriel :
non-fonctionnaires@snesup.fr, tél : 01 44 79 96 13
-----------------------
S'offusquer pour le référentiel FLI, c'est bien. Prendre parti pour défendre le FLE, c'est encore mieux.
Savez-vous, Monsieur Puren, vous qui avez laissé votre nom dans la discipline dans quel état de déliquescence se trouve cette chère profession d'enseignant de français langue étrangère ?
Savez-vous, Monsieur Puren, dans quelles conditions calamiteuses sont embauchéstous les professionnels du FLE à l'étranger et en France pour faire enfin reconnaître leur profession malgré
toute l'indifférence et le mépris qu'on leur "jette" à la figure ?
Probablement pas, sinon, vous auriez écrit un article sur votre blog ou vous seriez intervenu dans les médias lors de la semaine de la francophonie, par exemple ...
Alors, une petite piqûre de rappel des conditions de travail de bon nombre d'enseignants diplômés et expérimentés FLE dans le réseau culturel du MAE (Instituts et Alliances) :
* Statut de vacataire pour 90 % des enseignants recrutés localement avec des contrats signés chaque année sans aucune garantie du maintien de leur volume horaire de cours :
DÉVALORISATION
* Titularisation ou mensualisation extrêmement rare dans la majorité des établissements (en moyenne, création d'un poste à temps plein tous les 5 ans) : MÉPRIS
* Politique de recrutement et gestion du personnel obscure où les enseignants diplômés de FLE et expérimentés sont mis en concurrence avec les femmes de "..." (directeurs de grandes
entreprises françaises), les étudiants des grandes écoles en échange universitaire désireux d'améliorer leurs fins de mois ou des enseignants de l'EN (professeurs de mathématiques, d'histoire, de
philosophie, ...) venus goûter l'appel du large ... : COPINAGE
* Rémunération "fluctuante" des vacataires calculée au prorata des étudiants présents dans la classe (5-6 étudiants = 8 euros de l'heure / 7-9 étudiants = 10 euros de l'heure / 10-14
étudiants= 14 euros de l'heure) , ce qui crée un climat malsain de concurrence entre les enseignants. : EXPLOITATION
* Aucune valorisation salariale en fonction des diplômes (Bac + 4 minimum), de l'ancienneté et des résultats des enseignants : PRÉCARITÉ
* Disparité des salaires des directeurs nommés par le Ministère des Affaires Étrangères et qui ont EUX le statut d’expatrié avec tous les avantages que cela représente à savoir des droits en
France, des salaires pouvant atteindre les 5000 euros/mois + avantages en nature : INDÉCENCE
* Aucune prestation sociale, aucune assurance chômage, aucune prise en charge du coût des transports, aucune cotisation retraite versées aux vacataires, les laissant à moyen et long terme
dans une situation administrative inextricable : MALVERSATION
* Aucune revendication syndicale possible face à la gestion des ressources humaines humiliante et méprisante soutenue par le service culturel de l'ambassade et son attaché culturel qui nie la
souffrance et la désespérance des enseignants et qui vend à ces derniers la vacation comme seul horizon professionnel : IMPUNITÉ
La liste est longue et pourrait continuer ainsi pendant longtemps. La francophonie "en perte de vitesse" partout dans le monde peut-elle se passer de personnels qualifiés et compétents ?
Peut-elle continuer à vivre sur le mépris de ses principaux acteurs de diffusion ? Peut-elle continuer à scier la branche sur laquelle elle est assise ?
Nous sommes beaucoup à "jeter l'éponge" par faute de reconnaissance, de valorisation salariale et de réelles perspectives d'évolution auquel vient s'ajouter un mépris "quasi total" de notre
diplôme et de nos expériences en cas de retour en France.
Alors, si vous pouviez relayer cet état de fait lors d'une de vos chroniques, nous serions plus d'un dans le monde à vous remercier pour ce geste.
Puis-je compter sur vous ?
Un enseignant "vacataire" de FLE dans le réseau culturel du MAE en Asie
-----------------------
Ajout en date du 14/10/2024:
On trouvera également un témoignage saisissant du niveau de précarité d'un professeur de FLE dans un article publié dans une revue en 2021:
Francisque Aldim, « Professeur entrepreneur : réalités et perspectives », Éducation et sociétés plurilingues [En ligne], Education et Sociétés plurilingues n°50 | 2021, mis en ligne en septembre 2023, consulté en octobre 2024, https://journals.openedition.org/esp/7233 ou https://www.researchgate.net/publication/373859455.