Exemples d'illustration du concept de "configuration didactique"
Le chapitre 1 (pp. 6-12) de l'article 2012f proposait deux illustrations du concept de "configuration didactique", à partir des exemples de la méthodologie directe (années 1900-1910) et de la méthodologie active (années 1920-1960).
Le passage ci-dessous, extrait d'un ouvrage rédigé en collaboration avec Bruno Maurer (CECR: par ici la sortie !, 2019b), Éditions des Archives Contemporaines), propose un autre exemple, celui de l'approche communicative (années 1970-1990).
Le concept de « configuration didactique » élargit celui de « méthodologie » (PUREN Ch. 029). Une configuration didactique contient comme éléments premiers (a) les objectifs langagier et culturel, (b) la situation et (c) l’action de référence dans l’usage de la langue, qui définissent la compétence première visée, à savoir le savoir réaliser efficacement ce type d’action dans ce type de situation. Une modification significative de l’un de ces éléments premiers modifie nécessairement (d) la nouvelle tâche d’apprentissage de référence, pour la mettre en homologie maximale avec la situation et l’action d’usage de référence. Sur ce « squelette » vient ensuite se placer la « chair » de l’organisme méthodologique, dont les composantes sont fournies par les modèles (e)○linguistiques, (f) cognitifs et (g) pédagogiques, nouveaux et/ou anciens selon la disponibilité, ainsi que (h) par les modèles méthodologiques disponibles, que ce soit directement, en les empruntant tels quels, ou indirectement, en en prenant le contre-pied pour mieux se démarquer.
Prenons l’exemple encore le plus connu, celui de l’AC : (a’) elle émerge et s’élabore avec pour objectif de faciliter les rencontres directes avec des étrangers ; (b’) la situation de référence est le voyage touristique, et (c’) l’action de référence est l’interaction langagière ; (d’) la tâche d’apprentissage de référence, celle visée à la fin de chaque unité didactique, est la simulation de cette même interaction langagière dans une situation similaire ; pour l’élaboration de cette nouvelle méthodologie, il est fait appel (e’) à la nouvelle grammaire notionnelle-fonctionnelle, (f’) au constructivisme et (g’) à une version forte des méthodes actives en pédagogie, déjà impliquées dans le modèle constructiviste de l’interlangue (l’apprentissage d’une langue étant considéré comme un processus mental de construction-déconstruction-reconstruction de cette langue par l’apprenant lui-même), version que l’on retrouve dans les concepts clés de « centration sur l’apprenant » et d’« autonomisation des apprenants »○; enfin (h’), l’AC emprunte sans le dire à la méthodologie audiovisuelle le dispositif d’explication en L2 des mots inconnus (par la situation, l’exemple, le geste, la mimique, la définition, la synonymie/antonymie, etc., cf. PUREN 059, point 2.3), dispositif lui-même emprunté aux méthodologies antérieures directe et active, lesquelles vont fournir aussi à l’AC le dispositif d’explication en L2 de documents authentiques (cf. PUREN 2012j).
Les "éléments premiers" des configurations didactiques sont appelés des "matrices" dans la dernière version en ligne (23 08 2023) du Document 52. Ce document précise également la relation entre les environnements et actions d'usage (ou sociaux) et d'apprentissage (ou scolaires).
Le Socle commun français de 2015 et les configurations didactiques
en DLC
Le chapitre 3.1.1 de mon essai L'outil médiation en didactique des langues-cultures : balisage notionnel et profilage conceptuel (2019b) présente un tableau montrant que les différentes finalités du Socle commun français (MENERS 2015) sont visées spécifiquement par chacune des configurations didactiques qui se sont succédé en didactique des langues-cultures dans ce pays depuis le début du XXe siècle :
Le « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » … |
La configuration correspondante en DLC est celle de … |
– « …ouvre à la connaissance, forme le jugement et l'esprit critique, à partir d'éléments ordonnés de connaissance rationnelle du monde. » |
la méthodologie active (avec la composante métaculturelle de la compétence culturelle)(1) |
– « …favorise un développement de la personne en interaction avec le monde qui l'entoure. » |
l’approche communicative-interculturelle (avec la composante interculturelle) |
– « … fournit une éducation générale ouverte et commune à tous et fondée sur des valeurs qui permettent de vivre dans une société tolérante, de liberté. » |
les méthodologies plurilingues et pluriculturelles (avec la composante pluriculturelle) |
– « … donne aux élèves les moyens de s'engager dans les activités scolaires, d'agir, d'échanger avec autrui, de conquérir leur autonomie et d'exercer ainsi progressivement leur liberté et leur statut de citoyen responsable. » |
la perspective actionnelle et la pédagogie de projet (avec la composante co-culturelle) |
(1) Sur les composantes de la compétence culturelle, voir le Document 020)
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Source
MENERS. 2015. (Ministère de l'éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche). Socle commun de connaissances, de compétences et de culture", Bulletin officiel n°17 du 23 avril 2015 (dernière consultation 05/10/2019).